Ma petite fille est née le 16 juin dernier par césarienne. Son petit frère, son jumeau est mort-né. Le 18 juin, soit deux jours plus tard, ma maman décidait. Elle avait 87 ans et était gravement malade. Depuis, je me sens "en vrac" et pleure sans cesse. Tout m'émeut. J'ai beau essayer de me raisonner, essayer de me changer les idées en lisant, écoutant ou regardant des reportages, en m'occupant. Rien n'y fait. Ma maman et mon petit fils reviennent dans mes pensées et je pleure.
Georges Nemtchenko
01/09/2022 à 12:20
Bonjour Neburabla, pour mieux comprendre,il me manque une information importante: est-ce que ces jumeaux étaient portés par votre fille ou votre belle-fille ? Et cette petite-fille, est-elle loin, géographiquement de vous ?
Et avez-vous assisté aux derniers instants de votre maman?
Neburabla
01/09/2022 à 13:38
Bonjour,
Merci pour votre réponse.
Les jumeaux étaient portés par ma belle-fille, par un don d'ovocytes. Mon fils, sa compagne et ma petite fille habitent à Toussieu. J'ai vu deux fois ma petite fille, en juillet en NEONAT et en août, le jour de ses deux mois. Pratiquement tous les jours, je reçois des photos de cette petite poupée. Je la vois également en vidéo.
En ce qui concerne ma maman, la dernière fois que j'ai passé du temps avec elle c'était en novembre dernier. J'espérais la revoir vivante mais entre-temps je me suis faite opérée du genou (prothèse totale). J'ai donc revu ma maman sur son lit de mort. Depuis Noël où son état de santé s'était détérioré, je l'appelais tous les deux jours. J'ai pu lui dire au revoir et que je l'aimais beaucoup l'après-midi avant sa disparition dans la nuit.
Je vous remercie pour votre considération. Bien cordialement.
Georges Nemtchenko
02/09/2022 à 09:01
Bonjour Neburabla,
Beaucoup d'éléments sont survenus dans ces deux décès qui font que votre deuil s'est engagé dans les plus mauvaises conditions possibles: votre handicap momentané d'abord vous a empêchée d'être présente physiquement auprès de votre maman; ensuite ce télescopage chronologique a dû nourrir en vous ce sentiment d'un destin maléfique s'acharnant sur vous. Dites-vous qu'il n'y a aucun rapport entre ces deux morts même si bien des théories magico-religieuses tendent à faire croire que lorsqu'une âme "arrive" elle laisse une autre "partir". Même si, consciemment, vous n'adhérez pas à ces croyances, votre inconscient s'y accroche, comme pour trouver une explication à ce qui est "insensé"; car la mort est un non-sens pour chacun, même pour les croyants sincères.
Par ailleurs, votre double deuil repose sur deux choses très différentes et aggrave votre mal-être.
L'attachement pour votre maman date de votre naissance; mais pour ce malheureux bébé mort-né, il n'a jamais eu le temps de se développer. N'ayez pas honte de ne l'avoir pas aimé! Pas encore !
Votre raison devrait pouvoir accepter ce qui est dans l'ordre des choses; votre maman au fond d'elle aspirait peut-être à quitter ce monde mais dites-vous qu'elle vit quand même, en vous. Nous avons tous, chacun de nous une "mère interne", et celle-ci, vous l'aurez toujours.
Votre petite-fille, elle, aura "perdu son double" et aura bien besoin d'amour pour supporter cette perte et là, vous avez toute votre place, votre rôle à jouer; il semble que vous ayez de bons rapports avec votre belle-fille et c'est important pour la petite et pour vous.
Autre chose, un deuil est quelque chose de complexe et souvent rempli, outre la tristesse, de sentiments paradoxaux comme la colère voire la haine. Dites-vous que c'est connu et normal. Ne cherchez pas à les refouler, exprimez-les. Ici, par exemple !
Neburabla
06/09/2022 à 18:27
Bonsoir,
Tout d'abord, je vous suis énormément reconnaissante pour votre attention.
Ensuite, je n'ai jamais adhérer à cette croyance qu'une naissance peut générer un décès dans une famille. Je ne vois aucun rapport entre ces deux événements.
Vous avez raison lorsque vous écrivez que " ma maman aspirait peut-être à quitter ce monde". J'ai beau essayer de me persuader qu'elle ne souffre plus, je ne suis pas moins triste de son départ. Même si j'essaie de me consoler en me disant qu'elle est avec mon petit-fils, qu'elle veille sur lui. Ma mère était une personne bienveillante. J'associe ces deux disparitions et par ces pensées je tente de les rendre plus supportables.
D'autant que concernant mon petit-fils, je suis bouleversée par la situation par rapport à la souffrance vécue par les enfants (mon fils et sa compagne). Ils étaient tellement heureux d'attendre ces deux petits êtres, après tant de "galères". Mon fils a 41 ans, sa compagne 42. C'était donc le dernier parcours de la dernière chance!
J'éprouve le besoin de vous préciser tout cela car je suis contrariée par le manque d'empathie de certaines personnes de notre entourage notamment certaines de mes sœurs et nièces.
Personnellement, je ne leur en veut pas, je leur pardonne même, ceux sont des "sauvages". Je m'en veux surtout d'avoir cru en leur sensibilité et comme je ne veux en aucun cas leur ressembler, prochainement, je vais reprendre contact avec une de mes sœurs avec qui je communiquais de temps en temps. Quant aux autres, avec qui je n'avais, avant ces évènements, pas d'échange, cela va en rester là!
Pour l'instant, je ne vois pas ce que je pourrais écrire de plus, si ce n'est que je suis réellement déçue. C'est peut-être une forme de colère mais je ne veux pas que cette émotion ait une emprise sur moi et m'empoisonne la vie.
Je vous remercie encore pour votre prévenance. Bien cordialement et bonne soirée.
Georges Nemtchenko
07/09/2022 à 14:26
Il est vrai qu'un deuil permet de voir les gens qui vous sont proches et ceux qui sont indifférents; faire le tri en somme. C'est une bonne chose de vous rapprocher des sœurs qui vous sont bienveillantes. Mais faites attention tout de même d'une tendance à l'isolement volontaire, fréquent lors d'un deuil. Votre espérance dans le fait que votre maman et votre petit-fils se retrouvent est bienfaisante. Et vous verrez qu'avec le temps votre douleur va aller en s'atténuant; les mois passent et elle est plus supportable. Dernière réflexion: il pourrait être intéressant de tenter de comprendre le pourquoi de l'indifférence de ces "sauvages". N'hésitez pas à me revenir!
Neburabla
28/08/2022 à 18:02Ma petite fille est née le 16 juin dernier par césarienne. Son petit frère, son jumeau est mort-né. Le 18 juin, soit deux jours plus tard, ma maman décidait. Elle avait 87 ans et était gravement malade. Depuis, je me sens "en vrac" et pleure sans cesse. Tout m'émeut. J'ai beau essayer de me raisonner, essayer de me changer les idées en lisant, écoutant ou regardant des reportages, en m'occupant. Rien n'y fait. Ma maman et mon petit fils reviennent dans mes pensées et je pleure.
Georges Nemtchenko
01/09/2022 à 12:20Bonjour Neburabla, pour mieux comprendre,il me manque une information importante: est-ce que ces jumeaux étaient portés par votre fille ou votre belle-fille ? Et cette petite-fille, est-elle loin, géographiquement de vous ?
Et avez-vous assisté aux derniers instants de votre maman?
Neburabla
01/09/2022 à 13:38Bonjour,
Merci pour votre réponse.
Les jumeaux étaient portés par ma belle-fille, par un don d'ovocytes. Mon fils, sa compagne et ma petite fille habitent à Toussieu. J'ai vu deux fois ma petite fille, en juillet en NEONAT et en août, le jour de ses deux mois. Pratiquement tous les jours, je reçois des photos de cette petite poupée. Je la vois également en vidéo.
En ce qui concerne ma maman, la dernière fois que j'ai passé du temps avec elle c'était en novembre dernier. J'espérais la revoir vivante mais entre-temps je me suis faite opérée du genou (prothèse totale). J'ai donc revu ma maman sur son lit de mort. Depuis Noël où son état de santé s'était détérioré, je l'appelais tous les deux jours. J'ai pu lui dire au revoir et que je l'aimais beaucoup l'après-midi avant sa disparition dans la nuit.
Je vous remercie pour votre considération. Bien cordialement.
Georges Nemtchenko
02/09/2022 à 09:01Bonjour Neburabla,
Beaucoup d'éléments sont survenus dans ces deux décès qui font que votre deuil s'est engagé dans les plus mauvaises conditions possibles: votre handicap momentané d'abord vous a empêchée d'être présente physiquement auprès de votre maman; ensuite ce télescopage chronologique a dû nourrir en vous ce sentiment d'un destin maléfique s'acharnant sur vous. Dites-vous qu'il n'y a aucun rapport entre ces deux morts même si bien des théories magico-religieuses tendent à faire croire que lorsqu'une âme "arrive" elle laisse une autre "partir". Même si, consciemment, vous n'adhérez pas à ces croyances, votre inconscient s'y accroche, comme pour trouver une explication à ce qui est "insensé"; car la mort est un non-sens pour chacun, même pour les croyants sincères.
Par ailleurs, votre double deuil repose sur deux choses très différentes et aggrave votre mal-être.
L'attachement pour votre maman date de votre naissance; mais pour ce malheureux bébé mort-né, il n'a jamais eu le temps de se développer. N'ayez pas honte de ne l'avoir pas aimé! Pas encore !
Votre raison devrait pouvoir accepter ce qui est dans l'ordre des choses; votre maman au fond d'elle aspirait peut-être à quitter ce monde mais dites-vous qu'elle vit quand même, en vous. Nous avons tous, chacun de nous une "mère interne", et celle-ci, vous l'aurez toujours.
Votre petite-fille, elle, aura "perdu son double" et aura bien besoin d'amour pour supporter cette perte et là, vous avez toute votre place, votre rôle à jouer; il semble que vous ayez de bons rapports avec votre belle-fille et c'est important pour la petite et pour vous.
Autre chose, un deuil est quelque chose de complexe et souvent rempli, outre la tristesse, de sentiments paradoxaux comme la colère voire la haine. Dites-vous que c'est connu et normal. Ne cherchez pas à les refouler, exprimez-les. Ici, par exemple !
Neburabla
06/09/2022 à 18:27Bonsoir,
Tout d'abord, je vous suis énormément reconnaissante pour votre attention.
Ensuite, je n'ai jamais adhérer à cette croyance qu'une naissance peut générer un décès dans une famille. Je ne vois aucun rapport entre ces deux événements.
Vous avez raison lorsque vous écrivez que " ma maman aspirait peut-être à quitter ce monde". J'ai beau essayer de me persuader qu'elle ne souffre plus, je ne suis pas moins triste de son départ. Même si j'essaie de me consoler en me disant qu'elle est avec mon petit-fils, qu'elle veille sur lui. Ma mère était une personne bienveillante. J'associe ces deux disparitions et par ces pensées je tente de les rendre plus supportables.
D'autant que concernant mon petit-fils, je suis bouleversée par la situation par rapport à la souffrance vécue par les enfants (mon fils et sa compagne). Ils étaient tellement heureux d'attendre ces deux petits êtres, après tant de "galères". Mon fils a 41 ans, sa compagne 42. C'était donc le dernier parcours de la dernière chance!
J'éprouve le besoin de vous préciser tout cela car je suis contrariée par le manque d'empathie de certaines personnes de notre entourage notamment certaines de mes sœurs et nièces.
Personnellement, je ne leur en veut pas, je leur pardonne même, ceux sont des "sauvages". Je m'en veux surtout d'avoir cru en leur sensibilité et comme je ne veux en aucun cas leur ressembler, prochainement, je vais reprendre contact avec une de mes sœurs avec qui je communiquais de temps en temps. Quant aux autres, avec qui je n'avais, avant ces évènements, pas d'échange, cela va en rester là!
Pour l'instant, je ne vois pas ce que je pourrais écrire de plus, si ce n'est que je suis réellement déçue. C'est peut-être une forme de colère mais je ne veux pas que cette émotion ait une emprise sur moi et m'empoisonne la vie.
Je vous remercie encore pour votre prévenance. Bien cordialement et bonne soirée.
Georges Nemtchenko
07/09/2022 à 14:26Il est vrai qu'un deuil permet de voir les gens qui vous sont proches et ceux qui sont indifférents; faire le tri en somme. C'est une bonne chose de vous rapprocher des sœurs qui vous sont bienveillantes. Mais faites attention tout de même d'une tendance à l'isolement volontaire, fréquent lors d'un deuil. Votre espérance dans le fait que votre maman et votre petit-fils se retrouvent est bienfaisante. Et vous verrez qu'avec le temps votre douleur va aller en s'atténuant; les mois passent et elle est plus supportable. Dernière réflexion: il pourrait être intéressant de tenter de comprendre le pourquoi de l'indifférence de ces "sauvages". N'hésitez pas à me revenir!